Introduction
Comment la loyauté aux proches minimise les violences et fragilise la parole des femmes
Mardi 21 octobre 2025, députés et sénateurs ont trouvé un accord pour intégrer la notion de non-consentement à la définition pénale du viol. Cette étape, hautement symbolique après le très médiatique procès des viols de Mazan, ouvre la voie à une modification majeure du droit.
De la loi de 20181 sur les outrages sexistes à celle de 20242 renforçant la protection des enfants victimes de violences intrafamiliales, le législateur a progressivement étendu le champ de la lutte contre les violences sexistes et sexuelles (VSS). Ces textes peuvent paraître encore imparfaits, mais ils traduisent une transformation profonde du droit — et, à travers lui, de la société : la reconnaissance de violences longtemps passées sous silence.
Des récits comme ceux de Vanessa Springora3,Camille Kouchner4, Adèle Haenel, Judith Godrèche, Charlotte Arnould, Amélie Nothomb et de nombreuses autres femmes ont permis de briser un tabou. #MeToo n’a pas seulement bouleversé le cinéma, l’audiovisuel ou la littérature : la parole s’est libérée dans la politique, le sport, la gastronomie, la musique, l’enseignement et la recherche, la police, la médecine5… finissant de démontrer que le consentement et les VSS ne relèvent plus d’un sujet militant, mais bien d’un enjeu de société.
Les Français ont intégré les grandes lignes du débat. Ils savent ce qu’implique le consentement et où se situe, en théorie, la limite entre séduction et contrainte. Mais si, dans l’absolu, leurs principes semblent clairs, qu’en est-il quand la situation concerne un proche ? Quand « l’agresseur présumé » n’est plus une figure publique, mais un ami, un fils, un collègue ?
Le droit progresse, mais dans la sphère privée, les repères restent mouvants. Quand la transgression vient d’un proche, la loyauté et l’affection brouillent les réflexes moraux. Dès lors, on peut se demander : les Français appliquent-ils dans leurs relations personnelles les principes moraux qu’ils défendent dans l’espace public ?
Pour y répondre, OpinionWay s’est appuyé sur plusieurs enquêtes* menées entre mars 2019 et octobre 2025, pour La Maison des Femmes, le magazine ELLE, la Fondation des Apprentis d’Auteuil et pour son propre compte.
Découvrez l’analyse d’Eléonore Quarré, Responsable des études Société au sein du pôle Opinion d’OpinionWay.
*Les études mentionnées dans cette analyse sont les suivantes. Elles sont citées pour chaque chiffre issu de l’enquête dont il est tiré :
- Etude OpinionWay pour ELLE Active – L’égalité femmes-hommes en entreprise après l’affaire Weinstein – Mars 2019
- Etude OpinionWay pour La Maison des Femmes 2022 :
- Etude OpinionWay pour Apprentis d’Auteuil – 2023
- Etude OpinionWay pour ELLE – Le regard des hommes sur la sexualité et le consentement – 2024
- Etude OpinionWay – mai 2025
- Les chiffres ne disposant pas de note de bas de page sont issus de l’enquête OpinionWay menée en octobre 2025.
- « Imposer à une personne tout propos ou comportement à connotation sexuelle ou sexiste qui soit porte atteinte à sa dignité en raison de son caractère dégradant ou humiliant, soit crée à son encontre une situation intimidante, hostile ou offensante » est désormais puni par la loi. Source : LegiFrance ↩︎
- Source : LégiFrance ↩︎
- SPRINGORA, Vanessa. Le Consentement. Paris : Grasset, 2020. ↩︎
- KOUCHNER, Camille. La familia grande. Paris : Le Seuil, 2021. ↩︎
- Voir le graphique réalisé en 2022 par MediaPart ↩︎
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