gkarsenti

Voici maintenant quelques années que j’ai la chance d’enseigner le leadership au sein d’HEC Paris. C’est une véritable opportunité pour un dirigeant. Cela me permet en premier lieu de rester en contact avec la jeunesse et plus largement avec toutes celles et ceux qui décident de revenir sur les bancs de l’école pour parfaire leurs connaissances ou tout simplement pour se remettre en cause. C’est par ailleurs un moyen efficace pour rester informé des dernières théories, courants de pensées et pratiques dans ce domaine d’études qui me passionne depuis toujours.

Il y a quelques mois, un étudiant en master spécialisé, riche d’une première expérience professionnelle, me posait cette question : « J’ai bien compris ce qui fait un leader. Vous avez particulièrement insisté sur l’importance du courage. Est-ce la première qualité que vous considérez avant de procéder à une nomination ? »

Je lui avais répondu sous la forme d’une synthèse : « Le leader est d’abord celui qui porte une vision et qui définit la vitesse pour la mettre en œuvre. Il va donc fixer la cadence et donner du rythme à l’action. Il croit en lui et dans le futur. Il est raisonnablement optimiste. Il fixe à tous des objectifs ambitieux et aident ceux qui le suivent à croire en eux. Il joue collectif et développe une écoute qui dépasse les normes habituelles. Ses qualités intrinsèques sont en réalité très nombreuses. Il a le sens des réalités, est authentique, sait gérer ses émotions, sans les freiner, possède une intelligence relationnelle très développée, fait preuve en toutes circonstances d’une grande humilité et d’une éthique irréprochable. Il est aussi et surtout très courageux. Car dans le monde d’aujourd’hui, la lâcheté n’est pas de mise. Donc oui je regarde le courage comme étant l’un des facteurs déterminants. Toutefois, l’aptitude managériale se mesure d’abord au travers d’une autre caractéristique … »

 

loyauté

 

« Un leader doit avoir des convictions et des valeurs »

Depuis toujours, j’ai cette conviction chevillée au corps : il ne faut pas confondre les ambitieux et les carriéristes. Les premiers ont généralement la volonté de faire avancer les choses, les seconds ne pensent qu’à leur propre personne et ne jouent jamais « collectif ». J’ai de la considération pour les premiers, de la réserve — pour ne pas dire plus — pour les seconds. Un leader doit avoir convictions et valeurs. C’est souvent incompatible avec l’agenda d’un carriériste pur qui pourra les sacrifier pour une reconnaissance ou mieux une promotion. C’est pourquoi depuis toujours je prends en compte la « loyauté ». C’est la caractéristique que j’évoquais précédemment et qui constitue à mes yeux une condition nécessaire, à défaut d’être suffisante, pour envisager une évolution.

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